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Photo du rédacteurGalerie Borromée

Carita Savolainen

Dernière mise à jour : 16 sept. 2022

Printemps 2022, du 5 au 17 juin, à Simeyrols, Région Nouvelle Aquitaine


Pour tout renseignement:

Courriel: galerie.borromeo@gmail.com

Téléphone: +33 6 24 56 28 49

Automne-Hiver 2021 (du 13 novembre au 18 décembre, à Montpellier, Région Occitanie)

Univers savoléen

« Vaste est la terre de Finlande,

Puissant le pays de Savo[1] … »


Kalevala révèle tout un Monde, un cosmos qui nous permet, à nous humains, de vivre en accord avec le vivant (animaux, végétaux) mais aussi avec les éléments (les minéraux, l’air, l’eau, le feu). Cette rencontre avec le Monde kalevaléen, à travers l’œuvre de Carita Savolainen, est une véritable découverte pour Borromée. Les artistes exposés, jusqu’à présent, étaient essentiellement originaires d’une culture gréco-latine. L’œuvre de Carita Savolainen est imprégnée de ce cycle épique nordique qui relate l’aventure cosmique finnoise. [Dans le Kalevala], « Nous sommes transportés dans un univers à la fois simple et grandiose où l’homme vit des relations fraternelles avec son environnement terrestre : animal, végétal, minéral et au-dessus de celui céleste avec ses astres et les vastes espaces où circule l’air, où l’eau est partout présente. Nous entendons les bouleaux, les pins, les rochers parler et émettre parfois des sentences d’une grande sagesse[2] ».

Dans l’exposition, le regardeur de passage s’imprègne de cette nature qui, de tableau en tableau, se trouve de plus en plus en souffrance. Notre planète s’adaptera aux changements à venir. Elle en a connu beaucoup d’autres mais en sera-t-il de même pour l’espèce humaine ? Son absence dans les paysages proposés traduirait-il l’inquiétude, la crainte de l’artiste avec les suites inévitables du réchauffement climatique qui s’insinue, de manière de plus en plus prégnante, dans notre quotidien au fil des saisons. « L’artiste introduit bien plus qu’elle n’invoque », suggère Roch-Gérard Salager. Tout est dans la subtilité du pinceau, du geste créatif maîtrisé. Telle toile est-ce une forêt dans un incendie, dans un coucher de soleil ou le reflet des arbres dans l’eau ? L’artiste laisse chacun libre avec lui-même, dans son imagination. Par la lumière qu’elle réussit à capter des fonds obscurs, elle laisse poindre un espoir. Ses propositions sont faites à bas-bruit. Elisabeth Vitielli est à l’écoute de ces murmures, « Peu à peu se lisent sur la dépouille du monde/les traces d’anciennes cicatrices/et l’encre garance des blessures du jour ».

Par sa culture, chacun aborde sa propre nature, accroche ses horizons recherchés. Les mots qui disent jamais ne remplaceront pollens et butineuses. Le langage hébergé dans les chuchotis du vent, dans les clapotis des vagues seul reste vivant. Il éclabousse la sagesse des images. Pour Jean Portante, « La force de l’expression picturale de Carita Savolainen vient […] de là. Il y a détournement du beau, je dirai même torture du beau, afin qu’il dise ce qu’il est censé taire, à savoir que lui aussi, malgré les apparences, participe à la cruauté généralisée. C’est une beauté traîtresse qui, quand elle étend son manteau sur le paysage, rend visible la disparition ». N’est-ce pas là le rôle de l’art et de la peinture en particulier ? « la peinture est un art du temps/celui du regard/celui de la main/ qui suit tourne et contourne les rouleaux du monde », écrit Michaël Glück.

Chez Carita Sovalainen, les paysages chantent, au fil de l’eau, du vent, du temps. À défaut d’entendre les voix humaines, ce sont tous les éléments du vivant et du sensible qui lancent leurs notes chromiques à nos regards surpris et parfois inquiets. « C’est que chaque recoin de la nature est empreint de mystère sacré, que l’on trouve dans les mythes finnois », souligne Bernard Teulon-Nouailles. Erja Harjunpää nous le dit, « la forêt choisit le lieu secret de chacun, si seulement on sait écouter. La plupart en étaient capables encore à l'époque. A l'époque où nous avions encore tout.».

L'artisteouvre sa caisse des couleurs, pour offrir son coffret des douleurs redoutées. « Une matière vivante s’est faite monde, a pris le dessus. Jamais connu d’autre règne que celui-là : le vivant », constate Élie Pélaquier. C’est à nous d’ouvrir les chants du possible, à poser les mots, à dire les paroles afin que les actes suivent. Nous ne devons pas ignorer la puissance des mots, il suffit de voir comment réagit le monde en écoutant le chant du vieux Väinämöinen,


Le lac s’émut, le sol trembla,

Les monts de cuivre tressaillirent,

Les rochers puissants éclatèrent,

Les pierres en deux se fendirent,

Les rocs des rives se fêlèrent[3].


C’est à nous de dire les paroles qui donnent accès au symbolique afin que les actes suivent. Écoutons Carita Savolainen comme sables changés en perles, cailloux devenus brillants, arbustes qui flamboient et fleurs aux couleurs de l’or. Tous les éléments s’imprégnaient du chant de la poésie lorsque Lemminkäinen chantait. Kristina Haataja, devant un paysage au fusain, nous chuchote à l’oreille :

Ilmatar[4] se fait belle

elle se penche vers la surface de l’eau

se rafraîchit les yeux

le front les joues

elle se frotte le cou et la nuque

elle passe ses doigts sur ses lèvres

se remplit d’une fragilité nouvelle


Cette terre des eaux occupe toutes les surfaces présentes. La lumière se diffuse. Le chant coule lentement, nous entraine doucement dans la danse de la vie. Le rude hiver offre sa force au gracile printemps. Les fleurs donneront fruits et puis... que restera-t-il ?


Μασσαλια

Printemps 2022


[1] LE KALEVALA, Champion classiques, Paris, 2009, Chant XXXV, vers 351-352. [2] Ibid., Juliette Monnin Hornung, Avant-propos, p. 3 . [3] Ibid., Chant III, vers 295 à 299. [4] la déesse de l'Air et la mère de l'Eau






 


 

Le Chant du Paysage /Landscape is Singing


Dans le Kalevala, cette mythologie finnoise, on considère que tout élément dans la nature est pourvu d’une âme propre à soi : eau, forêt, air… Les forces des éléments sont maitrisées par la poésie et les chants.


L’essence même de mon approche du paysage est en lien avec cette conscience. Comment rendre visible cette vibration vitale de tout élément.


Dans mon travail sur le paysage on retrouve la présence de lieux qui sont habités en tant qu’éléments d’être, d’existence. Ces paysages trouvent leurs origines dans une distance géographique et temporelle. On n’y voit personne, on est projeté dans un espace animiste. Sa beauté apparente se mêle à l’inquiétude de la disparition qui devient omniprésente.


Salt Rain


Le mot français Bleu, forme masculine de la couleur bleue, désigne une contusion, un bleu, un hématome, une ecchymose ...


Une ecchymose est un caillot de sang sous la peau. Une ecchymose parait sur la partie du corps qui a été frappée par quelque chose ou quelqu'un l'a endommagée. Sa couleur est variable, passant du rougeâtre au jaunâtre et au bleu-noir.


Mes œuvres animistes, profondément ancrées dans l'expérience du paysage, semblent à première vue être esthétiques. Mais à travers elles, je réfléchis à la douleur de la beauté, à la vulnérabilité du paysage et à la beauté de l'horreur qui lui est infligée. À l'heure actuelle, ils véhiculent un sentiment particulier d'effroi face à la perte de tout ce qui est beau et vivant - mais qui meurt.


Ma série Salt Rain est comme le corps du monde.


Il contient l'idée de la pluie qui ne pleut pas ou de la pluie qui blesse. Le sel ne pleut pas, et en même temps nous pouvons demander s'il pleut tout court.


Le corps du paysage se couvre peu à peu de taches, de bleus rouges, bleus, rouges-bleus, d'hématomes.


Nous ne les remarquons peut-être pas au premier abord, mais peu à peu nous les sentons et entendons leur chant de détresse.

Carita Savolainen



 

Carita Savolainen est une plasticienne d’origine finlandaise. Elle vit et travaille à Roquebrun mais a séjourné également à Helsinki et à Bruxelles pendant plusieurs années.


Depuis ses études d’art et l’obtention d’un D.N.S.E.P. avec mention aux Beaux-Arts de Montpellier et études d’arts plastiques et d’histoire de l’art à l’Université Paul Valery elle s’est installée dans l’Hérault où elle a fondé sa vie. Elle y a travaillé comme artiste, enseignante d’art, conceptrice et organisatrice pour l’association d’art contemporain … A Sa Place située à Roquebrun. L’association a été soutenue par le Ministère de la Culture pour l’organisation d’expositions et résidences thématiques liant le lieu et sa population aux projets réalisés in situ ainsi que pour divers échanges internationaux. Elle a également enseigné pendant quelques années à l’Ecole d’art d’Helsinki en Finlande.


Carita Savolainen est peintre mais son travail traduit aussi sous diverses formes plastiques (peinture, dessin, installation, vidéo, son, photo, texte) son intérêt profond pour les éléments non immédiatement perceptibles de l’environnement naturel, social et géographique et leur lien avec l’identité de chacun.


Le choix prédominent d’utiliser du dessin et de la peinture par des couches superposées dans son travail est guidé par leur capacité immense d’agir comme moyen d’expression, conceptuel et charnel à la fois. Ce travail est de l’ordre du langage à part entière et se porte sur la perception, la mémoire et leur transmission. Ici les éléments de paysages sont devenus des entités.


Dans l’esthétique apparente se mêle une inquiétude et une peur de la disparition qui devient omniprésente.


Elle expose régulièrement en France et à l’étranger. Ses dernières expositions personnelles ont eu lieu : en 2019 au Château Vargoz à Sérignan, en 2014 à Atelier Neirzert à Castelbouze, en 2016 à la Galerie Malmitalo à Helsinki et à Bruxelles à Chapitre XII et à éléments de langage ..). Elle a conçu plusieurs projets unissant des participants d’origines diverses et de plusieurs disciplines artistiques dont deux aboutissant, travaillé ensemble avec Erja Harjunpää, à deux publications trilingues de livres par la maison d’édition éléments de langage en 2013 et 2017. Ces projets ont été présentés également en France à Atelier Neitzert Héraud en 2017 et en Finlande à l’Institut français d’Helsinki ainsi qu’à l’Ambassade de Belgique en 2018. En mai 2021 aura lieu sa prochaine exposition avec Patricia Stheeman à la Maison des arts à Bages.


Dernièrement en Europe, elle a participé à des expositions collectives notamment en France au LAC (lieu d’art contemporain, Sigean) Que du papier en 2015, Adessin à Sète en 2019, en 2020 au 2éme Salon du dessin contemporain à Narbonne, en 2018 en Finlande au Musée d’Art de Jyväskylä, en Belgique à la Gallerie K41 en 2017 à Bruxelles, en 2019 à l’Usine Kugler, à Genève, en Suisse. Elle a participé également auparavant à des événements au Mexique, en Chine et sera prochainement au Maroc (Galerie Nadar), à Helsinki (Galerie Myymälä2) avec le groupe SI loin, si proche avec qui elle travaille sur les projets expérimentaux. En 2020 elle a fait une résidence de production à Echangeur22 à Saint Laurent des Arbres en lien avec l’exposition collective pendant les journées du patrimoine, Dents creuses III.


Ses travaux peuvent être vus dans plusieurs collections publiques en Finlande, aux Musée Alvar Aalto, Collection Hus, Ministère des affaires étrangères finlandais, Collection Orton comme au Mexique, en Chine etc. ainsi que dans les collections privées dans plusieurs lieux dans le monde.


Son travail a également été soutenu par l’obtention des résidences et dernièrement notamment par des subventions de l’Institut culturel du Benelux et de l’ambassade de Finlande en Belgique en 2017 et en 2018 par le service public fédéral des affaires étrangères belge.


 


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