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Patricia Stheeman

Dernière mise à jour : 10 déc. 2023





Catalogue de l'exposition: ICI



 

Exposition Suspens à Borromée Galerie éphémère

du 19 juin au 3 juillet 2021, Montpellier (34)

du 31 juillet au 14 août 2021, Simeyrols (24)

 

Point par point, trait par trait, un paysage se révèle, en noir et blanc. Tout laisse à croire qu’autrefois il y eut vie. Aujourd’hui, demeurent les restes comme le début d’une nouvelle histoire, éternel retour ; des débris, pièces de divers puzzles qui voudraient en devenir un seul ; des traces, passage de l’humain dans le paysage. « Le vide devient azur / berceau pour d’antiques cités », Simone Molina. La blancheur réfléchit la lumière éblouissante du soleil, une blancheur de calanque, le calcaire y trouve la douceur de l’embrun. Il suffit de mettre son oreille contre un des dessins pour entendre la mer et les voyages. « Et j’entends sonner à mes tempes / se mélanger / le sel d’une mer tarie et les os des ancêtres », Luminitza C. Tigirlas.



En ce printemps-été 2021, Borromée touche à la Méditerranée et aux éléments laissés par les tempêtes en invitant Patricia Stheeman. « Entre craquelures et chardons ras / s’exhale un murmure », Elisabeth Vitielli.


La galerie devient belvédère qui permet d’embrasser d’un simple coup d’œil l’œuvre de l’artiste. Le terme de palimpseste nous est venu après le visionnage de son exposition FAIRE/DEFAIRE présentée à Narbonne début 2019. A la manière des parchemins grattés et réutilisés qui gardent la marque des écrits du passé, les paysages gardent l’empreinte des poussées successives du climat et des hommes. C'est la nature qui est palimpseste et non la technique de l'artiste. Les éclats que l’artiste offre témoignent de la fragmentation du paysage et, quelque part, de nos existences ; fragmentation du paysage qui traduit sa dégradation sous l’action de la végétation, de l’urbanisation et du cumul des infrastructures. « Que savons-nous / des racines qui transpercent la terre », Benjamin Guérin.



Un simple Rotring, de l’encre de Chine et un bout de papier suffisent à recréer l’univers, à remettre à sa place le chaos. « Au bord du gouffre, page blanche, / la mémoire a ravivé les blessures. / Mais la tempête s'éloigne déjà », Marianne Amaré. Ce qui est raconté pourrait sortir d’un chant d’Homère. Nous ne remontons pas à la nuit des temps mais à l’époque où l’humain s’est installé dans un paysage qu’il a bâti parmi une nature qu’il a ravagée sans vergogne, sans penser aux lendemains.


Cette géométrie fondamentale mise en exergue par Georges Didi-Huberman se double, ici, d’une géographie porteuse de sens. « Mes pas, sillons du ciel. / Bouche à l’envers », Zélia Abadie. Patricia Stheeman porte l’espace à même la chair. Elle est présente dans chacun des points qu’elle dépose sur la page. Chaque point est un concentré, point de fusion entre la création et l’artiste. Elle ne se projette pas, elle est le point du contact avec le support. Le point devient l’impact de l’instant de création ; chaque point comme big bang du possible. A moins que ce ne soit le trou qui témoigne de la percée d’une aiguille, minuscule point de croix qui accroche les différentes strophes d’un poème à la manière des rapsodes. Patricia Stheeman est originaire de Marseille la phocéenne, les images qu’elle nous offre pourraient provenir de l’Iliade, de l’Odyssée. Les lieux se sont vidés de leurs héros, l’aède s’est tu depuis longtemps.



L’artiste, de ses mains, façonne le chemin de l’imaginaire qui serpente entre réel et symbolique. Vacarme assourdissant sur le silence de papier. Il faut une terrible ferveur paisible pour venir à bout de ce que Patricia Stheeman souhaite dire, un dire que sans doute elle ignore, « entre lucidité et émerveillement ». Elle dessine au point de voix dont notre regard transmet l’écho. Lorsque nous parcourons l’exposition, nous voici comme Poliphile lorsqu’il se réveille, à l’intérieur de son rêve, dans un monde merveilleux jonché de débris antiques. Patricia Stheeman collecte témoignages épars, éclats de vues, éparpillements de vies. Elle étend devant nos l’épure de ce qui reste. Elle met en tableau le monde. Elle invente des archives anonymes tressées d’infimes fragments pris à l’espace rendu à l’état sauvage. « Comme si chaque fois il fallait reprendre la foulée des anciens les pas des anciens des anciens et de leurs ancêtres et comme si les histoires pourtant singulières répétant l’histoire de l’espèce oui comme si chaque pas chaque trait chaque mot était recueil recel de ceux qui ont précédé », Michaël Glück.




Printemps-Été 2021 : nouvelle découverte borroméenne. Patricia Stheeman expose à la Galerie Borromée. Elle montre de quels fracas nous sommes issus. « Cet état suspendu et incertain d’avant la catastrophe », Anne Dumonteil. Par la suspension de nos regards, Patricia Stheeman se fait guide des égarés, des égarements. À travers son par-chemin parcellaire et ses lavis des écarts, elle propose des lignes d’échappement. Ces archives du dehors, ces archives brisées attendraient-elles notre présence ? Le sujet, absent de cette vision panoptique, ne serait-ce pas nous pris dans les déchirures du temps et de l’espace ?


Alain de Caprile

Mai 2021

















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Extrait du catalogue:

STHEEMAN 18x26cm 6
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Pour une découverte plus complète:

Patricia STHEEMAN: Site


 

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Galerie Borromée




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