Peintures posées décomposées
Galerie Borromée
Simeyrols (Dordogne, Nlle Aquitaine, France), du 1er au 15 avril Printemps 2023
Montpellier (Hérault, Occitanie, France), (11 au 25 novembre ) Automne 2023
Sylvie Mir
Peintures posées décomposées
Construire pour mieux reconstruire
déconstruire
Attendre l’inattendu
Atteindre l’inatteignable
La surprise saisit le regard l’imaginaire
Plus d’émoi que des mots
Besoin de poser des mots sur l’innomé
Ne rien attendre durant cette attente
Se laisser surprendre par la fluidité des matières
Ne rien écrire
Regarder les tracés parler à nos mémoires
Tout peut être dit quand il n’y a rien à dire
Nous finissons par ne savoir plus lire ni écrire
Nous é p e l o n s des sons
dans le silence chaotique du temps
La bouche ouverte
un souffle embrume l’atmosphère
sans rien faire l’air de rien
Qu’est-ce qui nous prend
à regarder
à étudier une logique
à rechercher à se rassurer
Rien n’est imposé dans la forme
sans aller jusqu’à
laisser la toile blanche
La moindre goutte de couleur
envahit l’espace attire l’œil
Peut-on s’empêcher
de chercher d’examiner de vérifier
des repères des intentions une logique
de solliciter
une histoire ?
de viser
des points d’accroche au bord du gouffre
sur la paroi abrupte
qui nous domine
qui attend
l’escalade à venir
Elaborer sans mot
son cadavre exquis
Jointer la pointe de la lance et le bouclier
L’instant du choc tout est possible
Little big bang
La fleur de l’attente donne son fruit sans bruit
Des couleurs éclaboussent le gesso
jutent dans le cadre dissimulé
qui maintient la toile sous tensions
Rien à se représenter
présent sans présence
matières jetées d’un geste aveugle
panneaux réversibles interchangeables
n’ont-ils vraiment rien à raconter
Aporie de l’espèce
Irrévérence références déférence indifférence
Peut-on encore trouver du nouveau, des mots jamais dits, des formes jamais formées, des traces de détresse ? L’humain ne demeure-t-il plus que dans le geste ? Aucun figuratif, aucune histoire, rien à quoi se rattacher, à quoi s’accrocher. Libre, libre comme un cerf-volant dans la tempête, comme un navire sans gouvernail, un corps sans vie.
Alain de Caprile
Μασσαλια
Hiver 2022/23
NB:
Pour présenter l’œuvre actuelle de Sylvie Mir, la Galerie Borromée a souhaité être accompagnée par des autrices et des auteurs contemporains. À chacune et à chacun est demandé de saisir ce qui se dégage des images, de se l’approprier, de rendre intime cet ailleurs surprenant dans lequel l’artiste traduit son écoute du Monde.
Printemps 2023, exposition à Simeyrols (Région Nouvelle Aquitaine) avec l’édition du catalogue.
Automne 2023, présentation de l’exposition à Montpellier (Région Occitanie).
Merci aux autrices et aux auteurs :
• Hervé Castanet • Jean Gabriel Cosculluela • Jean-Marie Gleize
• François Jeune • Sylvie Lagnier • Jean-Pierre Ostende
• Bernard Teulon-Nouailles • AdelineYzac
pour la polyphonie de leurs apports.
Sylvie Mir :
Je cultive le fragment, veux suspendre les différents moments du faire : je produis un espace feuilleté comme une superposition de calques mis en cohérence.
En 2021 je veux retarder plus encore la construction ; retenir plus longtemps encore l’aveuglement partiel que j’organise avec la réserve et les caches, renforcer le suspens de l’acte par la fragmentation, pour obtenir l’extrait du faire plutôt que sa démonstration.
Le hasard et la réserve permettent des surprises visuelles qui font reculer la structuration finale.
Pendant ma résidence de l’été 2021 dans la Vienne j’ai préparé un grand nombre de petits châssis pour les manipuler et ainsi fragmenter le travail.
Je travaille sur plusieurs supports à la fois avec un seul acte marquant.
Leur espace n’est plus limité : les supports sont disposés au sol de façon à empiéter les uns sur les autres.
Chaque acte peint a son temps de séchage, puis, je réaménage une nouvelle disposition des toiles pour un autre acte peint.
Un nouveau dispositif pour ces supports reçoit un nouveau marquant. La remise en jeu des mêmes supports permet de nourrir l’idée intuitive d’un ‘bouquet d’actes de peinture’ tout en reculant le moment qui collectera les châssis marqués et sans orientation. Alors je mettrai en place des trios ou duos de toiles…
Ainsi l’acte se laisse voir comme en suspens, en se montrant insuffisant, brisé.
La toile brute reste visible. Le blanc de gesso la couvre partiellement.
Le fluide de couleur écrasé soigneusement, laisse des manques.
S’il est lancé avec vigueur il sort du support semblant viser autre chose plus loin, ailleurs.
Les supports ont été acteurs de ces séparations, de ces coupures et le fragment pictural qu’il portent se trouve alors densifié dans son surgissement.
Je veux une simplicité des actes, produire le littéral, que chacun puisse deviner comment c’est fait il n’y a pas de mystère technique, pas de valeur laborieuse.
Comentarios